L'art en Tunisie est en danger
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L'art en Tunisie est en danger
Collègues et ami-e-s,
Citoyen-ne-s du Monde,
La Tunisie connait en ce moment un horrible retour de l’ordre moral voire même l’établissement d'une sorte d'inquisition avec non seulement l’intimidation, la terreur et la menace de groupuscules intégristes mais aussi un silence devenu complicité ouverte de la part de l’imam de la Zitouna, l’une des Mosquées les plus prestigieuses du monde musulman (appelant au meurtre lors du prêche du vendredi dernier) et surtout de membres du gouvernement dont notamment le ministre supposé de la Culture.
Partout on accuse les artistes et les diffuseurs d’atteinte au « Sacré ». Tout est prétexte à des procès si ce n’est bien pire (menaces sur les réseaux sociaux, coup de fil injurieux…). Or, comme le dit justement Régis Debray, « Aucun croyant ne peut, de son côté, s’estimer « bafoué » ou « offensé » par un livre ou un film qu’il n’est pas contraint de lire ou de voir. Ce serait donner un privilège indu à tel ou tel groupe de conviction que d’interdire telle ou telle manifestation, image ou texte pour la seule raison qu’il les jugerait blessants u blasphématoires. Le conflit des convictions est inhérent au pluralisme et au tohu-bahu d’une vie démocratique, à charge pour les représentants de la loi que l’inévitable ne tourne pas à l’inacceptable, ni la zizanie à la rixe. » A ce propos précisément, le ministère de l’Intérieur semble clément avec les agresseurs des artistes « provocateurs ». de même, le communiqué des trois présidences (de la République, du Gouvernement et de l’Assemblée Nationale Constituante) n’a fait que conforter cet avis qui n’est pas sans donner un alibi aux fous de Dieu et isoler encore plus les artistes qui osent encore, s’il en est, la transcendance du divin.
Les appels fusent (Les artistes exposants à B’chira center, Les artistes exposants au palais Abdillya, le Comité Tunisien de Soutien à l’Art, Le Syndicat des Artistes Plasticiens, etc.) et la solidarité s’exprime encore timidement : veuillez mettre la pression de la manière qui vous semble opportune pour que les partenaires économiques et politiques de la Tunisie soient complices avec ses artistes libres.
La question du Sacré refait surface et nous revoilà devant des problématiques que l’on croyait dépassées ou révolues. Les questions de la représentation, du nu et du du lien entre Ciel et terre sont à nouveau à l’ordre du jour. Soyons solidaires pour que le rêve tunisien du 14 janvier 2011 - date de la fuite du despote - ne soit pas synonyme de l’établissement d’un « Persépolis » aux portes de l’Europe.
Cordialement
Anouar Trabelsi
Président de l’Observatoire des Libertés et des Politiques Culturelles
Maître assistant en sciences de l’Information et de la Communication
à l'Institut Supérieur d’Art Dramatique - Université de Tunis
Citoyen-ne-s du Monde,
La Tunisie connait en ce moment un horrible retour de l’ordre moral voire même l’établissement d'une sorte d'inquisition avec non seulement l’intimidation, la terreur et la menace de groupuscules intégristes mais aussi un silence devenu complicité ouverte de la part de l’imam de la Zitouna, l’une des Mosquées les plus prestigieuses du monde musulman (appelant au meurtre lors du prêche du vendredi dernier) et surtout de membres du gouvernement dont notamment le ministre supposé de la Culture.
Partout on accuse les artistes et les diffuseurs d’atteinte au « Sacré ». Tout est prétexte à des procès si ce n’est bien pire (menaces sur les réseaux sociaux, coup de fil injurieux…). Or, comme le dit justement Régis Debray, « Aucun croyant ne peut, de son côté, s’estimer « bafoué » ou « offensé » par un livre ou un film qu’il n’est pas contraint de lire ou de voir. Ce serait donner un privilège indu à tel ou tel groupe de conviction que d’interdire telle ou telle manifestation, image ou texte pour la seule raison qu’il les jugerait blessants u blasphématoires. Le conflit des convictions est inhérent au pluralisme et au tohu-bahu d’une vie démocratique, à charge pour les représentants de la loi que l’inévitable ne tourne pas à l’inacceptable, ni la zizanie à la rixe. » A ce propos précisément, le ministère de l’Intérieur semble clément avec les agresseurs des artistes « provocateurs ». de même, le communiqué des trois présidences (de la République, du Gouvernement et de l’Assemblée Nationale Constituante) n’a fait que conforter cet avis qui n’est pas sans donner un alibi aux fous de Dieu et isoler encore plus les artistes qui osent encore, s’il en est, la transcendance du divin.
Les appels fusent (Les artistes exposants à B’chira center, Les artistes exposants au palais Abdillya, le Comité Tunisien de Soutien à l’Art, Le Syndicat des Artistes Plasticiens, etc.) et la solidarité s’exprime encore timidement : veuillez mettre la pression de la manière qui vous semble opportune pour que les partenaires économiques et politiques de la Tunisie soient complices avec ses artistes libres.
La question du Sacré refait surface et nous revoilà devant des problématiques que l’on croyait dépassées ou révolues. Les questions de la représentation, du nu et du du lien entre Ciel et terre sont à nouveau à l’ordre du jour. Soyons solidaires pour que le rêve tunisien du 14 janvier 2011 - date de la fuite du despote - ne soit pas synonyme de l’établissement d’un « Persépolis » aux portes de l’Europe.
Cordialement
Anouar Trabelsi
Président de l’Observatoire des Libertés et des Politiques Culturelles
Maître assistant en sciences de l’Information et de la Communication
à l'Institut Supérieur d’Art Dramatique - Université de Tunis
Cécile W- Admin
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ED /EA : 267 Arts et médias/ Ircav/ EnsadLab
Thèmes de recherche : Esthétique et muséologie de l'art contemporain / Le récolement et la conservation des objets numériques/ L'histoire de l'image de synthèse en France.
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